Timbre : BEAUMARCHAIS 1732-1799
Timbre : BEAUMARCHAIS 1732-1799 : Né à Paris le 24 janvier 1732, Pierre-Augustin Caron grandit dans une famille heureuse où, avec son père, horloger en renommé et ses cinq sœurs, il s'initie très jeune à la musique, à la danse et aux belles lettres. Apprenti dans l'atelier paternel à treize ans, à vingt il met au point un ingénieux système d'échappement pour les montres mais doit bientôt défendre son invention contre un concurrent malhonnête. Ce premier procès - qu'il gagne - lui confère une telle notoriété qu'il devient « horloger du Roi» et obtient une commande de Madame de Pompadour. Pour un homme jeune, ambitieux, plein de charme, entrer à la Cour ne peut que favoriser son ascension sociale. C'est le cas en ce qui concerne Pierre-Augustin: 1755 le voit acheter une charge de « Contrôleur clerc d'office» à un sieur Foucquet; l'année suivante, Foucquet étant mort. il épouse sa veuve, puis ajoute à son nom celui d'une de ses terres, devenant ainsi Caron de Beaumarchais; dans le même temps, ses talents de harpiste lui valent d'asseoir sa situation en tant que professeur de musique de Mesdames, filles de Louis XV. Grâce au crédit dont il jouit alors à la Cour, il n'hésite pas à se lancer avec le financier Pâris-Duverney dans une fructueuse association. L'argent afflue: Beaumarchais achète titres et charges, mène grand train et se pousse toujours plus avant dans le monde. En 1764, sous prétexte de poursuite le séducteur d'une de ses sœurs, il s'installe à Madrid et, durant le séjour d'un an qu'il y fait, tente d'intéresser les ministres d'Espagne à des spéculations sur la main-d'œuvre noire aux Amériques. De retour en France, Beaumarchais aborde le théâtre et, s'inspirant de cet épisode espagnol du « frère justicier », écrit un mélodrame - « Eugénie» -qui reçoit en 1767 un accueil mitigé. Loin d'être découragé par ce demi-succès, l'auteur persévère dans le genre larmoyant et moralisateur mis à la mode par Diderot - qu'il admire beaucoup - et tente à nouveau sa chance en 1770 avec « Les Deux Amis» : cette fois, hélas! la pièce essuie un échec total. D'autres tourments vont d'ailleurs assail1ir Beaumarchais en cette année 1770 : d'abord. il perd sa seconde femme, jolie et riche héritière épousée après un premier veuvage, ensuite, il se voit accusé de faux et traîné devant le tribunal par les héritiers de son associé, Pâris-Duverney. Afin de renforcer sa position, il offre quelques cadeaux à la femme du magistrat chargé du procès mais, bien qu'il s'agisse là d'un procédé courant à l'époque, le scandale éclate: c'est « l'affaire Goezman» au cours de laquelle Beaumarchais, à deux doigts de sa perte, réussit à retourner l'opinion en sa faveur avec la publication des fameux « Mémoires », chefs-d'œuvre de causticité et de finesse. Pour avoir été chaude, l'alerte ne suffit pas cependant à freiner sa vie agitée et, durant les années qui suivent, il est successivement 011 conjointement agent secret de Louis XVI, héros d'aventures rocambolesques en Angleterre et en Autriche, éditeur à l'étranger de Voltaire - alors interdit en France -, pourvoyeur d'armes vis·à-vis des insurgés américains, toutes occupations qui ne l'empêchent nullement en outre d'être toujours entre deux procès, de rédiger force libelles et de spéculer sur tout. Malgré cette activité fiévreuse, Beaumarchais n'a pas renoncé ail théâtre; en 1775, il donne« Le Barbier de Séville» - d'abord parade puis opéra-comique et enfin comédie - qui connait un immense succès. Ayant dès lors trouvé sa voie en renouant avec la tradition de gaîté propre à la comédie classique, Beaumarchais écrit, comme suite au« Barbier»,« Le Mariage de Figaro », mais sa pièce, acceptée par les Comédiens Français, se voit refusée parla censure. Qu'importe, à force d'opiniâtreté, voire d'insolence, il arrache L’autorisation nécessaire et, le 27 avril 1784, le« Mariage» est joué devant une salle bondée d'aristocrates qui applaudissent aux coups portés contre la Noblesse, ce pilier d'un régime qui est près de s'effondrer. Pour Beaumarchais, c'est le triomphe, bientôt suivi de ... la Bastille où il séjourne cinq jours pour impertinences envers le comte de Provence, le futur Louis XVIII. A peu de mois de là, alors qu'il vient de terminer un opéra« Tarare», le voici aux prises avec Mirabeau, au sujet d'un projet de pompage des eaux de Seine; puis, un nouveau procès -l'affaire Kormànn -est sur le point d'achever de le discréditer aux yeux du public quand survient la Révolution; homme aux idées libérales mais marqué au sceau de l'Ancien Régime, Beaumarchais essaie de se faire accepter en revenant au mélodrame de ses débuts; hélas! après avoir produit« La Mère coupable» (1792), il s'embourbe dans d'obscures affaires de fournitures d'armes, se fait envoyer en mission var le Comité de Salut public alors qu'il figure sur la liste des émigrés et, finalement, ne peut échapper à l'exil; rentré en France en 1796, il meurt à Paris le 18 mai 1799, au terme d'une existence tumultueuse, à la fois pleine de scandale, de générosité et de folie, mais dont nous n'avons pas le droit d'oublier qu'il en est issu deux chefs-d'œuvre dont l'audace et la profondeur se dissimulent à peine derrière l'esprit le plus étincelant.
Année : 1967
Yvert & Tellier n° 1512
Categorie : Timbres poste
Famille : écrivains
Dessinateur : Claude Durrens
Valeur neuf MNH ** : 0.15 €
Valeur oblitéré : 0.15 €